CEC, en collaboration avec l’Association pour la Connaissance de l’Histoire de l’Afrique contemporaine en France (ACHAC), a élaboré en 1996 un projet original à l’époque, Miroirs d’Empires. L’Afrique coloniale dans les images françaises et belges, qui consistait en la confrontation critique de deux inventaires très proches et pourtant différents : l’iconographie de la propagande officielle surtout (affiches, couvertures de presse, de livres, brochures, etc.) des défunts empires coloniaux de la France et de la Belgique et celles des autres expressions de l’imaginaire social (chromos, bandes dessinées, cartes postales, publicités, etc.) reflétant l’empreinte, plus ou moins profonde selon les époques, de l’univers colonial dans les « mères patries » d’alors.
L’objectif majeur était de permettre d’analyser deux langages spécifiques confrontés : comment la France républicaine « laïque » et la Belgique monarchiste « chrétienne » ont-elles répandu leurs valeurs pour faire connaître et justifier leurs entreprises coloniales respectives ?
Cet héritage visuel souvent naïf ou cynique, même si parfois il séduit par son esthétique d’époque, réclamait d’être regardé sans complaisance nostalgique. Cette démarche exigeait un regard critique, qui s’exerce à décoder, afin de mieux comprendre les ruses et les contradictions des images de notre temps sur l’Afrique.
Miroirs d’Empires, exposition présentée à Bruxelles et à Lille, accompagnée du colloque « De l’indigène àl’immigré », a représenté une étape supplémentaire dans la démarche que CEC avait initié et a continué à développer par après et qui prend sa source dans un constat simple : les représentations contemporaines, dans notre pays, de populations extra-européennes restent liées à l’histoire coloniale du pays.